Plaine de Herringen, à la frontière austro-kathanienne

Pankratius von Metternhoven · **Publié:** Février 5th, 2013, 9:12 pm

Le cor retentit. Les corps opaques de sombres cavaliers s'avançaient avec lenteur vers le coeur de la plaine de Herringen où ils étaient attendus par Pankratius. Le râle des chevaux se mêlait à celui des hommes, qui progressaient avec détermination et dont l'orgueil masquait la fatigue.
Après plusieurs jours de route à travers le brouillard, la tempête, le crachin et les éclairs, tous les membres du Conseil de Kathanie étaient enfin réunis.

La plaine de Herringen était vaste, désertique et franche. A l'image de l'assemblée pluriséculaire des reges criniti kathaniques, des princeps germano-kathaniens et des ducs impériaux qui descendaient la lointaine lignée des guerriers des marches du Saint Empire. Toujours confrontés aux invasions, volontaires aux croisades, aux expéditions, aux chevauchées, les chefs historiques du Conseil de Kathanie aux gueules plus cassées que la voix, aux cheveux rares et aux jours fanées, le regard aigu et humide, purs produits de la consanguinité aristocratique, se tenaient face au cavalier, premier de ses pairs, qui les a convoqués.
A l'image de leur Conseil, la plaine qui les réunit était franche, désertique et vaste. On voit fort bien ceux qui y pénètrent, et on distingue avec tout autant de limpidité ceux qui veulent s'y soustraire. Ceux qui l'attaquent et ceux qui s'y tiennent en frères patrons.

Pankratius von Metternhoven · **Publié:** Février 22nd, 2013, 3:09 pm

Après de longues heures de négociations, on envoya en plusieurs copies la déclaration signée à Herringen.

Citer:

Nous, Johannes Pankratius von Metternhoven, Protecteur de la Sainte Ligue des Chevaliers Kathaniques, duc de Kathanie, Navarque de l'Empereur du Saint Empire Romain du Peuple Germanique, déclarons par la presencte et avec l'accord plein et entier de nos Conseillers et Amys, l'estat de guerre et de chevauchée résolue contre le seigneur Tremahïn Abdel Qröh, ses alliés, vassaux et clients.

En vertu de l'accord signé avec la Respublique de Venise en la personne du patricien électeur Venanzio Arimondo de Treviso, nous sollicitons le soutien de ladicte Respublique, tant financier que militaire, afin de mener cette guerre juste contre les ennemis de l'Empire, de la Sérénissime et du monde chrestien.

Pour que nos frontières, biens et subjets ont été violés sans qu'acte écrit n'ait été adressé à nostre chancellerie, nous prononçons la guerre ouverte et systématique contre ledict seigneur, et participons en conséquence de quoi à la commise de ses terres par la voix de la conqueste. Au terme de ceste chevauchée, prononçons en tant qu'émissaire et bon Conseiller de Son Altesse l'Empereur, la capture et la traduction dudict Tremahïn devant Parlament compétent, lors duquel nous plaiderons por que la peine la plus grave lui soit infligée.

Fait l'an de Grâce MDLXXIII de l'Incarnation, au conseil de Herringen, duché de Kathanie

Venanzio Arimondo · **Inscrit le:** Juin 19th, 2011, 12:21 am **Messages:** 422

Au fait de l'action entreprise par son ami Meterhoven, Arimondo fit parvenir une missive de soutien à la lutte contre ce ladre de Qrôh.

Venanzio Arimondo a écrit:

Mon amy et bon seigneur allié du Saint Empire Romain Germanique,

Moi, Seigneur Venanzio Arimondo de Treviso, Patricien et électeur de la Sérénissime République de Venise, apporte mon soutien plein, entier et indéfectible à vostre opération militaire contre ces malfrats Croates ou Dalmates qui osent outrepasser leur engagements envers la Sérénissime et se prétendre en droit de régner sur des terres appartenant au Doge. Ces vassaux félons doivent payer pour leur trahison envers la chrétienté. Aussi, Monsieur, vos actions prouvent une fois de plus vostre indéfectible amitié envers Venise et nous saurons, croyez-le bien vous remercier en temps et en heure. Par la même, je m'engage à vous fournir hommes et navires pour alimenter cette juste cause que vous défendez contre nos ennemis intérieurs.

Sachez, Monsieur, que conjointement à vos actions, nous entreprendrons des attaques afin de maintenir ces traitres dans la soumission qu'ils doivent de par leur naissance à Venise et à son bon ordre.

Veuillez recevoir mes respects les plus sincères.

Bien à vous,

Venanzio Arimondo de Treviso, Patricien et électeur de la Sérénissime République de Venise.

Venanzio Arimondo · **Inscrit le:** Juin 19th, 2011, 12:21 am **Messages:** 422

Quelques heures après la seconde offensive, le secrétaire de Venanzio reçut ordre d'adresser une seconde missive à Monsieur de Metternhoven.

Venanzio Arimondo a écrit:

Mon Amy,

J'apprends de mes hommes que nos attaques conjointes sont un franc succès. Je m'en félicite car elles augurent de nos victoires à venir.

En effet, nous avons détruit la moitié des troupes de ce maudit pirate Croate !

Nous ne devons pas nous arrêter là ! Je vous suggère que nous nous relayons jusqu'à ce que son domaine ne soit plus que ce qu'il doit être, un simple comptoir commercial au service de Venise et de ses alliés. Il n'était point logique que cet homme, traitre à Venise, vil manipulateur, puisse à nostre encontre, lever de telles armées ! Car son armée était plus puissante qu'elle n'y paraissait... Etait... Elle est désormais, Dieu merci, un mauvais souvenir qui git au fond de l'Adriatique. Ma flotte, honorant le pavillon Vénitien, est parvenue sans grands efforts à anéantir toute la flotte de ce Qrôh, montrant, en cela, et au besoin, que si Qrôh est un brillant éleveur de chèvre, il est cependant un bien piètre marin.
Il dépendra ainsi désormais des compagnies navales de la Sérénissime pour son commerce et c'est une fort bien belle chose. Tout est en bon ordre.

Continuons cependant, autant que nous le pourrons, à affaiblir ses forces ! Et à ne les laisser jamais dépasser la cinquantaine d'hommes strictement nécessaires à la défense de son domaine de pêcheur... Soyons en effet vigilent, ce Croate-là est tout à la fois intelligent, obstiné et rancunier... Il pourrait bien, avec ses alliés Ottomans ou encore avec ses amis Barbaresques, ou pis que cela, en manipulant nos propres alliés, nous donner du fil à retordre.

Je pense néanmoins que cette petite correction lui aura rappelé le bon ordre des choses et l'aura fait entrer dans le droit chemin. Il saura désormais que l'on ne peut, impunément et sans alliance, s'attaquer à Venise et à ses alliés Germaniques. Il saura également que Venise est la soeur bienveillante du Saint Empire et que l'on ne viole point les frontières germaniques sans violer les frontières vénitiennes.

Il faudra également lui imposer notre tribu de guerre. En cela, je suggère que nous le pillions jusqu'à ce que nous estimions être entrés en nos bons frais. Nous avons mis cet homme à genou. Faisons en sorte qu'il demeure à jamais et face à nos empires, dans cette position. Telle est la seule qui lui sied devant la grandeur de nos Etats. Puis dans un second temps, faisons de lui un vassal fidèle et obligé qui nous aidera à contrer d'autres ennemis, sans doute plus préoccupants encore...

Bien à Vous,

Venanzio Arimondo de Treviso, Patricien et électeur de la Sérénissime République de Venise.

Venanzio Arimondo · **Inscrit le:** Juin 19th, 2011, 12:21 am **Messages:** 422

Face à la défaite de Qrôh, Venanzio lui fit envoyer un ordre de capitulation.

A Qrôh, Venanzio a écrit:

Monsieur,

Vous avez impunément et en vous prétendant de Venise attaqué nos amis et alliés du Saint Empire Romain Germanique.

En représailles, nous avons attaqué vostre domaine pour en reprendre le contrôle et y faire régner le bon ordre, le seul qui ait jamais été, qui est et qui sera toujours, celui de Venise.

Vous n'êtes plus, Monsieur, en état de combattre sans causer vostre perte totale et définitive. Aussi, la sagesse vous impose de déposer les armes et de reconnaitre votre défaite, totale et définitive, sur mers comme sur terres.

Croyez-bien monsieur que cette capitulation, nous l'exigeons sans condition. Vous n'êtes pas en mesure d'exiger quoi que ce soit. Croyez-bien, en outre, que la bonté de Venise est grande, vous concernant. En effet, nous pourrions, comme le demande nostre bon amy, Monsieur de Metternhoven, vous livrer à ses tribunaux pour qu'un jugement sévère vous soit appliqué. Si tel était le cas, le bûcher serait vostre issue. Au lieu de cela, dans nostre grande bonté, nous consentons à vous laisser la vie sauve ainsi que vostre domaine. Vous n'avez donc d'autre choix que de vous plier à cette exigence. Dans le cas contraire, vous seriez perdu, Monsieur.

Je ne vous demande pas de tergiversation mais simplement la reconnaissance claire de vostre capitulation ainsi que le paiement d'un tribu de guerre de 3000 écus d'Or à Monsieur de Metternhoven et de 3000 écu d'or supplémentaire à moi-même. Vous devrez nous les faire parvenir avant la fin de ce mois. Dans le cas contraire, nous viendrions les chercher nous-même en pillant vos domaine jusqu'à ce que nous nous estimions remboursés.

C'est vostre dernière chance. Saisissez là. Après, je ne pourrai plus rien pour vous.

Vostre obligé et fidèle amy, Venanzio Arimondo de Treviso.

Tremâhïn Abdel Qrôh · **Inscrit le:** Août 12th, 2011, 8:24 am **Messages:** 205

Tremahïn Abdel Qrôh, en réponse à Venanzio, a écrit:

Sire,

Je crains que les vénitiens ne soient finalement de bien piètres négociateurs, comme me l'avait fait remarquer le prince Ali lorsque vous vous étiez retiré sans même discuter le prix. Vous pensez pouvoir venir, taper du poing sur la table et exiger toutes sortes de choses avec pour seul résultat un dalmate qui courbe l'échine ?
Allons donc, c'est mal connaître mon peuple aussi indécrottable que peuvent l'être des paysans vivants sur l'une des côtes les plus stériles de la méditerranée. Il me semble d'ailleurs, au vu des pertes que votre coalition a subi pour détruire les forces des états libres de Croatie, que votre triomphe soit loin d'être total. De même qu'il n'est pas dit que vous ayez moins à perdre que moi.

J'aimerais en effet assez que l'on ne me prenne point pour un benêt ; mes agents autour de l'Adriatique m'avaient informé d'une forte présence militaire germanique aux frontières avant même que vous ne passiez par ce que vous appelez mon domaine. Je sais que Venise, à l'image de laquelle vous collez parfaitement, ne s'intéresse pas aux intérêts de ses soit-disant amis mais aux siens propres. La seule raison pour laquelle vous soutenez cette bande de soudards dégénérés que sont les impériaux, dont la seule présence en méditerranée est une offense à tous les descendants des romains et usagers de la mare nostrum, est que nos terres et nos eaux comptent aussi beaucoup pour vous.

Jamais un Dalmate ne capitulera face aux envahisseurs étrangers. La seule chose que nous avons à répondre aux condottieres, c'est Idi kući! Drolja!

C'est une erreur de chercher à humilier les guerriers croates, d'autant que nous ne sommes pas que des guerriers. Nous sommes aussi capables d'envoyer une délégation au doge en compagnie d'un certain capitaine du San Giorgio Della Laguna dont nous avons appris l'existence récemment. Il m'a semblé que ce pourrait être fâcheux.
Pire, une mauvaise langue m'a soufflé que votre soutien aux germains pourrait avoir été dicté par un quelconque besoin de faire disparaître quelque témoins d'une discussion qui n'aurait jamais dû avoir lieu.

Cela dit, ayant depuis quelques années l'habitude de discuter avec des ottomans très intéressés par les possessions vénitiennes de Dalmatie, je suis devenu un homme très ouvert à la négociation. Après, si vous préférez le langage barbare de l'empire, je vous souhaite bien du plaisir dans vos pillages ; ce n'est pas comme si après des siècles d'occupation les vôtres n'avaient toujours pas découvert la moitié des caches que mon peuple a disséminé dans toute l'adriatique.

Sans maître ni frayeur,
Tremâhïn Abdel Qrôh

Venanzio Arimondo · **Inscrit le:** Juin 19th, 2011, 12:21 am **Messages:** 422

Venanzio Arimondo a écrit:

Cher Amy,

Alors, si c'est ainsi... Si c'est votre réponse, je ne peux plus rien pour vous.

Bien cordialement,

Venanzio Arimondo.

Venanzio Arimondo · **Inscrit le:** Juin 19th, 2011, 12:21 am **Messages:** 422

Venanzio Arimondo a écrit:

A l'attention de nostre très bon et très estimé Mon Seigneur Qrôh.

An de Disgrâce Quinze Cente Soixante-Treize, mois de Mars, le Treizième jour, à la treizième heure.

Mon cher Amy,

Nos espions ayant remarqué que vous aviez réussi la prouesse de réarmer 23 navires de guerre, nous nous sommes fait un plaisir de tous vous les couler.

Sachez qu'il est toujours plaisant de vous rendre ce type de service.

Et songez à capituler, à l'occasion. Je pense que vous auriez tout à y gagner...

Bien à vous,

Votre dévoué Venanzio Arimondo.

Pankratius von Metternhoven · **Publié:** Mars 14th, 2013, 8:34 pm

- Götterdammerung !

Après de longues semaines de combats acharnés, les Grands de Kathanie se réunirent de nouveau dans la plaine de Herringen, tel que cela avait été prévu par le conseil avant le départ pour la campagne menée contre les Ottomans. Plus sales et boueux que jamais, juchés sur des chevaux essoufflés et tordus de douleur, les ducs et les comtes se tenaient devant le duc de Metternhoven qui arrivait depuis l'horizon, entouré de sa suite. Le moins sale des aristocrates vint à sa rencontre. Pankratius le harangua, en criant à travers son casque baissé pour ne pas avoir à l'enlever.

- Quelles nouvelles, de vostre côté ? Avez-vous tenu notre ennemi à bonne distance, les troupes ont-elle résisté ?
- Oui, Excellence. La reddition est proche pour ces fourbes, mais leur orgueil est bien trop important pour qu'ils se rendent.
- Ils y seront bien forcés assez tôt. Des nouvelles du sieur Arimondo ?
- Il semble être en affaire, personne ne sait où, Excellence. Par ailleurs, j'ai un message de la plus haute importance pour votre Excellence. Il est arrivé directement à la chancellerie ducale, apporté par un émissaire de Son Altesse Impériale. Un des plus proches conseiller de Son Altesse est décédé, et vous êtes immédiatement demandé à Ratisbonne.

L'éphémère assemblée se dissout comme un rêve.

Pankratius von Metternhoven · **Publié:** Mars 15th, 2013, 11:28 pm

Le lendemain, tôt dans la matinée, sur la même plaine. La brume ne faiblissait pas. A tel point qu'on ne pouvait distinguer clairement qui parlait à qui.

- Par tous les Saints ! Cinq émissaires expédiés depuis une semaine, et le sieur De Arimondo qui demeure introuvable. N'êtes plus vous les brillants espions de Kathanie dont j'ai eu l'habitude ? Pourquoi n'ai-je pas de rapports ?
- Excellence, toutes nos sources se rejoignent vers cette même information : il serait quelque part en terres italiennes.
- Trop imprécis. Comment avançons-nous à Urbino ? Que se passe-t-il là-bas ?
- La situation est confuse, Excellence. Mais nous ne pouvons pas bouger nos pions comme nous le voulions. La révolte semble avoir été écrasée, Fiorenza Delle Rovere est en fuite. Nous n'en savons pas plus.
- Della Rovere ?
- Sa fille.
- ATCHOUM !
- Que se passe-t-il encore, là-derrière ?
- Entschuldigung, Excellence. Ce n'était que moi.
- Chevaliers, les temps sont graves. Nous perdons nos chances d'avancer vers le Sud-Est en Italie, Urbino nous échappe définitivement, les Ottomans sont contenus de peu et n'ont pas prononcé leur reddition, et maintenant Arimondo qui est introuvable.
- Il ne serait pas impossible, Excellence, qu'il oeuvre à un rapprochement avec d'autres potentats italiens.
- A quoi pensez-vous ?
- Della Rovere lui ouvrirait l'alliance avec Gênes. Et si il accède au conseil du Doge, son alliance pourrait changer la donne en notre défaveur.
- Où sont nos troupes ? Où est notre artillerie ?
- Les dépenses de guerres ont explosé, Excellence. La chambre des comptes du duché sonne l'alerte, et nos bailleurs de fonds sont mécontents. Beaucoup d'entre eux sont vénitiens.
- GÖTTERDAMMERUNG !
- ATCHOUM !

MARE - NOSTRUM

Plaine de Herringen, à la frontière austro-kathanienne

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