Benvenuto Scorvini dit "Il Puttanese"
Buongiorno Signore, voire Signori...
Je me prénomme Benvenuto Alessandro Scorvini et suis né en l'anno de Grazia 1536 aux environs de cette bonne ville d'Imperia, à l'Ouest de Genova.
Non, non, non, je ne suis pas d'une illustre famiglia comme ces Grimaldi, Spinola ou Doria, je suis un simple fils de pescatore sis en-dessous de la Valle Argentina.
C'est à force de labeur et de commerce que je me suis hissé à mon humble rang. D'aucun disent "à force de tours "pendables" mais ne les écoutez pas, ce sont de mauvaises langues.
J'ai tout vendu, j'aurais même vendu ma propre soeur si j'en avais une, tant pis...j'ai raté une bonne affaire mais peu importe, ce qui m'a propulsé au-dessus de ma condition est un savant mélange de labeur et d'un commerce côtier florissant portant jusqu'à cette brave ville de Nizza où je vendais d'abord mon poisson et ensuite ma production d'ail et huile d'olive (de ces deux derniers je tiens d'ailleurs ma légendaire bonne santé, ce qui n'est pas le cas de tout le monde). Ces idiots de nizzesi payaient le prix fort, normal, je n'ai que de la bonne marchandise, ajoutez à celà quelques épices que je me procurais à Genova et l'un dans l'autre j'étais très bénéficiaire. Des mauvaises langues ont prétendu que je coupais mon huile d'olive avec du vil suif mais j'ai fait taire ces calomnies en brisant quelques mâchoires.
Les denari commençant à venir, j'ai fini par m'improviser petit armateur de pêche, ce qui me fit, une paire d'années après, remarquer du patricien Anselmo-Luca Brignole dit "Il Brutto Nano", cadet délaissé de sa famille (un peu consanguine dit-on mais c'est là supposition malveillante) qui se vengea de sa triste apparence par une féroce âpreté au gain et un sens des affaires au-delà de l'entendement.
Il me prit donc sous son aile et m'introduisit dans le milieu des patriciens et banquiers genovesi où je fis de nouveau fleurir mes petites affaires...et c'est en graissant quelque pattes que je me fis attribuer l'administration d'un petit comptoir, Pietraverde, sis au Sud de Porto-Vecchio, sur l'île de Corse. Tant mieux, j'avais besoin d'un peu d'air, même à moi ces intrigues commençaient à peser.
Il paraît que le roi des Espagnes Charles le Quinto veut nous disputer la Corse..qu'importe, il trouvera à qui parler s'il veut m'empêcher de librement m'occuper de mes affaires. Quant aux mahométans je ne les crains ni ne les aime mais enfin...on peut toujours trouver des arrangements s'il y a un bénéfice à la clef.
Mon surnom dites-vous ? Eh bien...j'aime beaucoup les donne voyez-vous et lorsque je n'arrive point à mes fins, eh bien...il y a les fins qu'on monnaye. D'ailleurs celà me revient cher, j'aimerais bien faire la course aux Mauresques, histoire de voir s'ils ont quelques femmes dans leurs cales...
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