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MARE - NOSTRUM • Consulter le sujet - La Bataille d'Ahrensee (1573)

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Forum du jeu de rôle en php "Guerres de Course"
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 Sujet du message: La Bataille d'Ahrensee (1573)
MessagePublié: Juin 7th, 2013, 12:02 am 
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L'ost de Kathanie était en marche depuis bientôt un mois.
C'est sous les aubes perçantes du premier juin mil cinq cent soixante treize que les armées kathaniennes effectuaient une jonction aux abords des marches orientales du duché. Une semaine plus tard, elles se déployaient et barraient l'horizon de leur masse gothique créatrice de vacarme et de chaos. Aux abords des berges d'un large fleuve, une puissante escouade de rebelles allemands tenait la place-forte du lac d'Ahrensee.
Hérétiques convaincus ou simples croyants trop peu fervents, nobles locaux concurrents de la maison des Metternhoven ou adversaires de la puissance impériale, tous avaient pris les armes et remettaient en cause
C'est ainsi que l'aristocratie kathanienne, ancrée de l’archaïsme d'une société encore médiévale et barbarisante, faisait sa politique et écrivait son Histoire : par la guerre et les campagnes incessantes, qui parce qu'elles occupaient la majeure partie du temps des élites empêchait ces dernières de former une réelle classe politique dirigeante et novatrice, ouverte du le monde et ses idéaux neufs.

Alors que l'Europe occidentale était ravagée par la guerres de religion, et qu'en Italie du Nord des potentats, des intérêts et des cœurs s’apprêtaient à s'unir, la Kathanie observait son devoir éternel de défense de la frontière du Saint Empire germanique.
La pluie battait sur la crête des collines, où les cavaliers de la Ligue Kathanique brandissaient leurs épées sous une pluie battante dont on entendait le bruit rien qu'en la regardant au loin. Les piquiers et les arquebusiers portaient les couleurs des maisons pro-kathaniennes et hurlaient après Pankratius, le chef cadavérique d'un ordre ancien qui tirait sa puissance d'une aura déclinante, comme un poisson qui dont la vigueur impressionnerait alors qu'il étouffe sur la berge. Les drapeaux gorgés d'eau claquaient malgré tout, comme portés par le seul souffle issu de la fureur des criards qui les brandissaient.
De Pankratius, on ne distinguait comme d'ordinaire qu'une portion de regard, le reste étant dissimulé dans une armure vaste et pleine, rayée et terne, pleine des marques du temps, des intempéries et de la guerre.

Les servants de canons se tenaient prêts à faire pleuvoir la mort. Les arquebusiers étaient en formation serrée, et les sergents en ordre profond. La charge mortelle était imminente, la victoire s'annonçait écrasante et presque déloyale. Mais cette bataille ne serait comme aucune autre.

_________________
♜♖ Johannes Pankratius Hannibal von Metternhoven ♖♜
✾ Navarque du Saint-Empire Romain Germanique ✾
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 Sujet du message: Re: La Bataille d'Ahrensee (1573)
MessagePublié: Juin 7th, 2013, 11:48 am 
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Le bureau, au coeur du palais des doges était à l'image du reste : fastueux.
Ses murs étaient ornés de blibliothèques et une vaste et imposante table avait été placée en son centre, entourée d'une dizaine de fauteuil.
Sur le mur du fond, entre deux rangée de livres, un portrait avait été accroché, bien en vue.
Le portrait de Venanzio Arimondo.

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En entrant, Venanzio sentit enfin ce qu'était le pouvoir, le vrai. Il en éprouva un léger vertige. Vittorio, son secrétaire, tendit un premier rapport manuscrit au nouveau sénateur Vénitien.

- Mon Seigneur... Je veux dire... Venanzio... je crois que cela va vous intéresser...

Le Vénitien saisit le parchemin et comprit assez vite qu'il s'agissait d'une note au sujet de son ami Metternhoven et de la situation en Kathanie.

- Une guerre ?! Reprit le Vénitien. J'avais bien senti que quelque chose de lourd et sinistre se tramait, lors de ma dernière visite au palais Kathanien... Mais il me semble que celle-ci soit folie ! Metternhoven est inconscient de ce qui l'attend ! Il tient, par orgueil, à mener une guerre à l'ancienne alors qu'il a face à lui des gens employant les méthodes les plus modernes... Ce sera un choc monumental entre anciens et nouveaux. Or rien ne dit qu'en de telles circonstances, ce soit l'ancien qui triomphe ! Il court à sa perte et cette sédition ne fera que mettre à mal le fragile équilibre que nos diplomates ont su, jusque là, entretenir, sur la région. Rien de bon pour nos affaires quoi qu'il en soit...

- Que préconisez-vous ?

- Si nous ne lui prêtons pas main forte, il risque fort d'échouer et avec lui, tous nos efforts de routes commerciales !

- Mais si nous lui prêtons main forte et que nous échouons...

- Ce sera pire mais alors nous ne serons plus de ce monde pour en supporter les conséquences.

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Dernière édition par Venanzio Arimondo le Juin 11th, 2013, 11:22 pm, édité 1 fois au total.

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 Sujet du message: Re: La Bataille d'Ahrensee (1573)
MessagePublié: Juin 7th, 2013, 8:06 pm 
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Les heures s'écoulaient, longs comme des hivers sans vivres, quand soudain l'éclaireur kathanien reparut au sommet de la colline auprès de son état major. Les chevaux piaffaient de toutes parts, et on finissait seulement de préparer les dernières pièces d'artillerie. L'éclaireur salua respectueusement Metternhoven.

- Mein Herr, les nouvelles sont mauvaises et le temps joue contre nous. Les insurgés bénéficient du soutien d'une escouade qui semble être composée de sabreurs ottomans. Leurs flancs sont protégés par des épéistes et il sera impossible de les prendre à revers. En revanche, une dépêche venue d'Italie semble confirmer la venue prochaine d'un renfort vénitien, sans doute sera-t-il conduit par le sénateur Arimondo.

- "Sénateur" ?

- Jawohl, Excellence. Il ferait courir un grand risque à son titre en venant se fourrer dans ce guêpier à nos cotés.

- Mais c'est l'occasion pour lui de montrer son attachement à notre union. Nous lançons l'assaut sans plus attendre, faites préparer pour la charge et faites passer aux batteries, sur mon ordre. Que les porteurs d'oriflammes, les vougiers et les prêtres armés chevauchent sur nos arrières. Nous attaqueront par la seule face qui se présente à nous : sur leur front. Nous devons les prendre de vitesse.


Poussés par les hurlements des cors et des canons, la cavalerie kathanienne s'élança contre les miliciens en contrebas. Les bannières de la Ligue Kathanienne, frappées d'emblèmes chrétiens, claquaient au-dessus des chevaliers qui dévalaient la colline dans un vacarme assourdissant, le duc Pankratius à leur tête.

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 Sujet du message: Re: La Bataille d'Ahrensee (1573)
MessagePublié: Juin 9th, 2013, 10:28 pm 
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Le vénitien se tenait face à la grande bibliothèque qui ornait les murs de son nouveau bureau. Il carressa le dos de plusieurs livres avec l'affection et la délicatesse que certain éleveurs avaient pour leurs chevaux. Il posa fermement le doigt sur l'un d'eux puis le sortit de la ranger où il semblait dormir. Il l'amenait à ses lèvres puis ferma les yeux pour s'emplir les narines de son odeur. Une odeur de cuir et de papier. Il l'ouvrit.

- Utopia, de Monsieur Thomas More. Un anglois qui mourut en martyr et héros, pour ses chrétiennes idées. L'avez-vous lu, Mon cher Vittorio ?

- Je ne crois pas Venanzio.

- Vous devriez... Il y expose l'âme de Venise, en quelque sorte. L'âme brute.

- Je le lirai Monsieur. Mais que faisons-nous avec les Kathaniens ? Que vous vous joigniez à eux serait périlleux pour vostre personne. Nous ne devons pas prendre le risque de perdre un sénateur...

- La mort, n'est-ce pas ? C'est elle qui vous fait peur. Cependant, mon jeune amy, quelle magnifique et héroïque mort, je pourrais m'offrir là ! Mon nom entrerait dans l'histoire de la Sérénissime, comme l'un des hommes qui ont su renforcer l'union de nos deux peuple. L'empereur serait redevable au doge pour une telle action et il serait contraint de nous appuyer pour nostre définitive conquête des Balkans. Voilà bien la mort dont je rêve !

- Monsieur...

- Ou plutôt, devrais-je dire, la mort dont je rêvais... Oui... Ce serait plus juste. J'ai rêvé, par orgueil, par désespoir profond, d'une telle mort dès que je mis en terre ma regrettée épouse ! Je n'avais qu'une envie : la rejoindre. La rejoindre le plus héroïquement possible. Vous ne pouvez pas savoir tous les ennuis dans lesquels je me suis empêtré afin d'attirer cette mort ! Or... le grand architecte avait sans aucun doute d'autres plans pour moi... Je désirais ardemment cette mort, disais-je, jusqu'à ce qu'à ce que je fasse une rencontre... Celle pour qui je suis ici aujourd'hui. Or, tout bien réfléchi, je ne crois pas que cette personne mérite de sombrer en désespoir à cause de mon orgueilleux sacrifice vénitien. De plus, j'ai envie de vivre, pour elle. Pour mon fils Pietro-Luigi également. Je crains qu'à trois ans, il ne puisse dignement gérer mon héritage. Je le laisserais en grand danger et en proie à tous les vautours de nostre sérénissime république si je disparaissais demain auprès de ce vieux diable germain de Metternhoven...

- En effet, Monsieur.

- Mais ce vieux diable germain de Metternhoven, tout vieux fou qu'il est, est aussi et avant tout mon ami. Or la fraternité est une valeur que je ne puis trahir.

- C'est un dilemme, en effet.

- D'un autre côté, Metternhoven n'est pas une belle et brillante blonde Gênoise... Alors... Voilà donc ce que nous allons faire... Tu vas rassembler mes meilleures troupes, tu vas les faire agir sous le lion de Saint Marc. Tu vas les envoyer en renfort à Metternhoven après avoir pris soin de bien te renseigner sur le nombre et les positions exactes de l'ennemi. Ensuite tu ordonneras l'offensive. Une offensive moderne, faite de canons de campagne et de couleuvrines. Au besoin, tu disposeras nostre flotte à bon escient. Je superviserai cette bataille d'ici.

- Sage décision, Monsieur. Et si je puis me permettre, qui envoyez-vous pour diriger nos troupes, là bas ?

- Il nous faut un homme sage et intelligent mais aussi dévoué qui me représenterait directement, un homme qui soit le Sénateur en lieu et place du sénateur, sur place.

- Je le crois... mais qui ?

- Vous.

- Mais Monsieur ! Je vous prie de bien vouloir m'excuser mais... J'ai une famille, des enfants et je crains de...

- Vous avez alors deux solutions, mon amy. Soit vous démissionnez séance tenante et vous serez contraint à un certain... déclassement. Soit vous faites honneur à Venise et à votre famille et vous risquez au mieux de revenir en héros, au pire de laisser votre nom dans l'histoire la plus héroïque de nostre république... Vous ferez honneur à Venise, n'est-ce pas, Vittorio ?

- Mais... Je... Bien Monsieur.

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 Sujet du message: Re: La Bataille d'Ahrensee (1573)
MessagePublié: Juin 11th, 2013, 9:32 pm 
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Le vénitien sourit.

- Ah... Mon bon Vittorio, j'oubliais. Tenez... Prenez ceci... Lança le Vénitien qui tendait un livre à son secrétaire.

Vittorio Zeferina s'en empara révérencieusement.

"Utopia. Thomas More.", pouvait-on lire sur la couverture.

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 Sujet du message: Re: La Bataille d'Ahrensee (1573)
MessagePublié: Juin 11th, 2013, 10:17 pm 
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Vittorio Zeferina était ainsi promu chef de guerre... Sa famille était fière de lui... Venise faisait semblant d'être fière de lui. Lui, mourrait de peur, dans son armure.
Le voyage entre Venise et Arhensee n'avait été qu'une longue angoisse.
Puis il eurent le champs de bataille en vue.
Alors l'angoisse pris une toute autre tournure. Elle se rangea bien sagement du côté des souvenirs pour laisser place à l'organisation et à l'action. Et pourtant ! Face à ce qui se dessinait, dans leurs longues-vues, elle aurait pu occuper toute la place, cette angoisse... Mais il y avait en Vittorio un homme d'organisation et quand il s'agissait d'agir, ses mécanismes le plus rationnels reprenaient toujours le dessus.

- Signori, lança le capitaine des canonniers à tous les chefs militaires rassemblés en état major sous la tente du secrétaire du sénateur Arimondo, Il y a là plus d'homme que nous le pensions. Ils sont disposés de façon à ce qu'il me parait suicidaire de les prendre de front. Pour l'instant, je ne vois pas la faille...

- Il faut espérer que ce vieux chameau de Metterhoven, bruta-bestia, possède les troupes qu'il dit posséder, de l'autre côté... Grommela un vieux commandant de Galion... Parce que sinon, bruta-putana, nous irons tous le rejoindre au valhalla !

- Nos troupes sont modernes et légères, reprit le canonnier. Nous devons également compter sur la mer car il semble que leur point faible soit là... Le capitaine posa un doigt sur une carte. Là... S'il les repousse vers la mer, étant donné qu'ils n'attendent pas que Venise intervienne sur ce conflit lié au St Empire, notre flotte légère, l'Elegia Drônae, ainsi baptisée par le Sénateur Arimondo, occupant la première ligne offensive, et nos galions, en seconde rangée, placés ici, pourront les bombarder sans relâche et les éradiquer. Nous positionnerons en outre canons et couleuvrines sur toutes les collines surplombant la vallée de la région d'Arhenbergen, afin de bombarder efficacement leurs troupes, en contrebas et de ralentir leur progression...

- Mais encore faut-il que Metterhoven parvienne à contrer cette masse humaine, lança Vittorio en fronçant les sourcils. Dans tous les cas, j'exige que nous restions caché et que personne n'intervienne avant que Metterhoven n'ait lancé l'attaque. Après tout, c'est son combat... Veillez aussi à les espionner au mieux. Je veux connaitre la composition et la disposition exacte de leurs hommes. Je veux que nous mettions en lumière la moindre de leur faille et que nous l'exploitions autant que nous pourrons. Il faut taper là où cela fait mal. Il faudra aussi remuer le couteau dans la plaid autant que nous le pourrons... Messieurs, au travail.


Le secrétaire Vittorio Zeferina s'enfonça dans son fauteuil de campagne et se versa un verre de vin.

"Et dire que nous faisons tout cela pour une province arriérée du Saint Empire...", pensa Vittorio.

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 Sujet du message: Re: La Bataille d'Ahrensee (1573)
MessagePublié: Juin 13th, 2013, 10:27 pm 
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Le temps sembla s'etre arreté quelques secondes avant l'impact.
Les bannières peinèrent presque plus à se déchirer et à se trouer que les cuirasses et les corps, et les os rompèrent bien moins péniblement que les hampes à drapeaux. La cavalerie kathanienne fut rapidement désarçonnée, et bientot les chevaliers firent facent aux épéistes ottomans sans que chevaux ou canons ne leur soient d'aucun secours.
On ne sut pas distinguer la boue ensenglantée du sang boueux, les débris équins des fragments humains. Pankratius n'aperuçut qu'à trois reprises au milieu de la melée le Lion de Saint Marc vénitien, et eut grand peine à entendre au milieu des cris et des hénissements quelque hurlement en italien. Cette bataille était celle des osts du XIIè siècle, ou celle d'une guerre de Cent Ans désordonnée et d'un gothique caricatural tant il confinait au barbare. Ceux qui ne perdirent pas la vie perdirent leur dignité nobiliaire en assènant les coups les plus indignes, luttant et se débattant pour sauver leur vie bien plus que pour s'arroger l'honneur de remporter une victoire glorieuse digne de leur rang. D'une bataille menée pour l'honneur et l'ordre civil on arrivait à un choc archaique, primitif et sanglant.

L'armée kathanienne était débordée de toute part, et l'artillerie ne put plus effectuer aucun tir une fois le contact physique engagé, de peur de réaliser des tirs fratricides.
Les troupes vénitiennes semblaient floues. Les baronets et les vicomtes hirsutes, flanqués au devant de leurs lignes de guisarmiers lourds, se débattaient comme des chiens enragés en dépit des cuirasses qui les entravaient. La poudre s'était tue depuis plusieurs minutes qui semblaient tomber sur les épaules des soldats comme des siècles, les laissant sans la protection de la technologie des bouches à feu. La guerre était redevenue à cette heure une guerre de nobles et de roturiers, payant tous l'impot du sang au meme prix.

La bannière à croix latine de la Ligue tomba des mains du porte étendard décapité d'un coup de cimeterre. Le duc Pankratius mit pied à terre pour la ramasser, et dans la confusion la brandit le plus haut possible en ralliant son ost. Un cavalier timariote sortit de nulle part brandit son sabre, plus haut encore, et le fit retomber sur l'épaule de Metternhoven, laissant de nouveau choir l'oriflamme. Aveugle de douleur, et protégé par son harnois qui semblait etre devenu une étuve, ce dernier brandit de rechef la bannière croisée. Ses yeux fermés, il ne put pas voir qu'il la tenait à l'envers.
Le timariote fit volte-face, chargea sur l'oriflamme et piétina le duc Metterhoven, qui n'eut aucun moyen d'entraver le puissant galop du cheval.
On distingua à peine un coup de cimeterre qui fut porté sous les plaques de colerette de Pankratius. On entendit crier des tréfonds de l'armure un "Jesù Maria !", suivi du vacarme métallique d'un harnois s'effondrant sous son propre poids.

Une corne de retraite critique sonna depuis la colline.

En 1573, on raconta que l'ost féodal de Kathanie fut écrasé à la bataille d'Arhensee, et que les principaux lignages nobiliaires se sont dispersés dans l'Empire sans chercher à revendiquer la dignité ducale, qui serait bientot octroyée à un plénipotentiaire impérial.
En 1573, on prétendit que la monstrueuse armée gothique qui défendait les marches orientales de l'Empire Germanique a été défaite.
En 1573, on dit que le françoys Ambroise Paré a écrit sur la monstruosité dans "Des monstres tant terrestres que marins avec leurs portraits plus un petit traité des plaies faictes aux parties nerveuses".

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 Sujet du message: Re: La Bataille d'Ahrensee (1573)
MessagePublié: Septembre 19th, 2013, 6:30 pm 
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Inscrit le: Juin 11th, 2013, 10:03 pm
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La clameur funeste s'élevait du fond de cette large vallée que l'on devinait, depuis la mer, et qui s'enfonçait très loin, dans les terres de Kathanie.

De son observatoire, Vittorio, crut apercevoir une large saignée noirâtre d'où s'élevaient des fumerolles et des cris de douleur.

L'agitation était à son comble, au commandement vénitien. Nombreux étaient les va-t-en-guerres qui mourraient d'envie d'aller se jeter dans la bataille à la rescousse du vieux Metterhoven. D'autres brûlaient de tester leurs nouvelles armes et de montrer que la modernité, seule, pouvaient parvenir à bout d'une telle bataille.

- Notre premier bataillon à pied et à cheval, envoyé auprès de Signore Metternhoven a essuyé comme les autres Kathaniens de sévères pertes !!! S'écria un messager...

- Voilà ce que c'est que d'avoir suivi ce vieux fou de Metternhoven, dans son obsession de guerre à l'ancienne ! S'indigna un capitaine. Si nous avions, Porca Madona, mené cette guerre, comme nous l'entendions, avec les outils de notre temps, rien de tout cela ne sera arrivé !

- Messieurs, messieurs, du calme, s'exclama Vittorio.

- Il nous faut agir vite et selon nos propres méthodes !!! Sans quoi les Kathaniens seront Turcs, ce soir ! Nous devons avancer dans la vallée et ouvrir un front sur l'arrière des troupes ottamanes. Lança un autre capitaine.

- Bombardons ! Bombardons tout ce que nous pouvons bombarder ! Lança le chef des canoniers...

- Messieurs ! Messieurs ! Reprit Vittorio. Nous allons positionner notre flotte et bombarder les arrières des troupes ottomanes... Dans le même temps, nous allons disposer nos canons, tous nos canons, sur les collines qui bordent la vallée et bombarder la bataille... Nous ferons de notre mieux pour tenter de n'atteindre que les turcs... Il y aura forcément également des pertes chez les Kathaniens mais comme dit un proverbe français : "on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs"... Ce faisant, nos troupe à pied et à cheval descendront prêter main forte à Metternhoven... Cet ordre s'applique immédiatement !

Et toutes les troupes se mirent en ordre de bataille.

Dès les premiers tirs des navires vénitiens, les arrières des troupes ottomanes furent atteintes, créant surprise et panique au coeur de la bataille... Puis les canons décimèrent les côtés et alors les troupes vénitiennes commencèrent à affluer, au sol... Quand ils parvinrent sur site, le gros de la bataille semblait avoir été consommé. Kathaniens et Ottomans s'affrontaient d'une façon qui trahissait la fatigue. Des milliers de corps jonchaient, de part et d'autre, le champs de bataille. Ce qui restait d'hommes se battait lourdement, comme au ralenti. La fraîcheur des renforts vénitiens eut tôt fait de sonner le glas des offensives ottomanes qui, pour la première fois, se mirent à reculer.

Au bout de deux heures, les ottomans sonnèrent la retraite et l'on commença à compter les morts... C'est alors que Vittorio, en armure et à cheval, s'avança pour la première fois sur cette scène qui semblait donner vie à l'apocalypse de Jean.

- Metternhoven !!! Où est Metternhoven !!! Criait-il.

Quand soudain une voix jeune lui répondit.

- Herr Vénitien ! Notre Maître est à terre ! Notre Maître est ici !

Tout l'état majeur accourut et forma un cercle autour du vieux chef Kathanien.

- CHIRURGIEN ! Hurla Vittorio...

Un vieil homme s'approcha, s'agenouilla auprès de Metternhoven. Le silence était pesant. Chacun attendait la sentense.

- IL VIT ! S'écria le vieux médecin, d'une voix tremblotante. Notre bon Duc est vivant et par Dieu, il est victorieux !

- Alors qu'on le redresse ! Ordonna Vittorio.

- Je ne crois pas que ce soit recommandable, Signore, reprit le chirurgien. Une plaie béante dévore sa jambe droite... juste dessous son genou... Je crains que nous dussions le transporter dans ma tente et que nous dussions l'amputer ! Sans cela, notre Maître risquerait fort de perdre la vie...

Un crissement se fit entendre au coeur de l'armure du vieux Duc...

- Taisez-vous ! Lança Vittorio. Il est conscient ! Il est conscient ! Il parle ! Il veut nous dire quelque chose !

Tous s'approchèrent du visage de Metternhoven et retinrent leur souffle pour entendre ce qu'il avait à dire...

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 Sujet du message: Re: La Bataille d'Ahrensee (1573)
MessagePublié: Août 26th, 2014, 2:34 am 
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Inscrit le: Août 26th, 2014, 1:45 am
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Au beau milieu de cette bataille, un petit homme aussi laid que barbu allait son chemin, s'excusant maladroitement auprès des soldats pour avancer.

Il allait ainsi claudiquant, le pas hésitant et ferme, à la fois.

A son allure, à ses habits et aux outils qu'il portait, on se doutait bien qu'il était là pour tout autre chose que pour la guerre.

Parvenant devant cette scène étrange d'un chevalier germain à terre, quelques gardes lui barrèrent la routes.

- Halte là, Vilain ! Fuis ou tu finiras sous terre !

Il restait là, imobile, contemplant les gardes.

- Il ne parle pas notre langue, ce demeuré ! C'est un Ottoman !

- Mais non Gunter,
reprit l'autre garde, il n'a ni la tête ni les vêtement d'un Ottoman... C'est un... Je ne saurais dire... Sans doute un foutu Vénitien ! Quelque chose comme ça...

Gonobastaflard les observait toujours avec un regard tellement bête et dénué d'humanité qu'on l'eut pris pour celui d'un chien ou encore celui d'un insecte.

- En tout cas, il a l'air tellement stupide qu'il n'a pas l'air bien méchant... Qui es-tu ? Tenta le garde.

- Je suis Croutistaire Gonobastaflard et je dois voir Monsieur de Metternhoven.

Les gardes se regardère en souriant...

- Tiens, tu parles notre langue... Et que lui veux-tu, à Metternhoven, vilain ?

- Je veux lui construire quelque chose.

- Tu entends ? Il veut lui construire quelque chose ! Lança le garde.

- Je sens qu'on va s'amuser avec celui-là ! répondit son confrère, dans un éclat de rire.

- Si tu veux lui construire quelque chose, il va falloir que tu te dépêches ! repris le garde, parce qu'il est là, au sol, et il est bien mal en point, nostre bon seigneur...

- Oui, je vais faire vite. Je dois lui construire quelque chose.


- Au point où en est le vieux, de toute manière... Fit l'un des deux gardes.

Ils s'écartèrent alors pour laisser passer le difforme ouvrier...

- Attends ! Laisse tes outils là...

- Vous me les rendrez ? Demanda Croutistaire, méfiant.

- Tu nous a bien regardé ? Nous avons des têtes à savoir utiliser ces choses ?

Alors croutistaire déposa ses outils et avança à la hauteur du vieux chevalier gisant.

- Monsieur Metternhoven, c'est moi, c'est Croutistaire Gonobastaflard. Je suis venu vous construire quelque chose...

Et à la surprise général, le vieux chevalier du Saint Empire rouvrit les yeux.

_________________
N'estoyes point belhomme oncques construyt for bien belles choses


Dernière édition par Croutistaire Gonobastaflard le Août 26th, 2014, 2:50 am, édité 3 fois au total.

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