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Auteur: | Benvenuto Scorvini [ Février 13th, 2013, 7:41 pm ] |
Sujet du message: | Satisfecit |
"La vita e bella, je me plais bien ici" C'est ce que se disait le signor Scorvini, juché sur son alezan mis au pas, peu rompu qu'il était à la chose équestre. Il se contentait de laisser bride à l'animal, contemplant à l'Ouest un soleil mordoré découpant les montagnes corsicanes en contre-jour et, à l'Est, sa lumière allumant de mille feux orangés les amas de nuages sur cette si calme mer Tyrrhénienne. Il se sentait en même temps libre et protégé, inatteignable, sans doute la présence rassurante des chênes et des montagnes intérieures, et l'ouverture vers la Mer et ses possibilités sans limites. Un mois déjà qu'il était arrivé pour prendre sa charge au domaine de Pietraverde. En un mois, les journaliers et paysans dudit domaine avaient fort bien travaillé, ils avaient compris que sous ses airs de malfrat cauteleux, Scorvini payait bien. Peut-être aussi avaient-ils compris que lui aussi était issu de la roture, donc point de distance ni de grands airs, il s'intéressait aux gens et aux choses peuplant ses terres. Sincèrement. La terre de Corse était bonne et donnait bien, les affaires étaient florissantes, son commerce d'ail et d'huile d'olive allait pour le mieux et les forestiers plantaient autant de chênes qu'ils en coupaient. Le bois se vendait très bien, entre le désir d'ameublements raffinés et les besoins en navires de guerre ou de commerce, peu faillaient les demandeurs. Sur les conseils d'Arnolfo Gambini, vieux patricien génois, il s'était même offert le luxe d'un petit tableau, copie d'un maître florentin alors très à la mode, un certain Sandro Botticelli. Il n'y connaissait rien en peinture mais la jeune femme était belle. C'est tout ce qui comptait. Les bas-fonds génois et la tartane de ses premières armes lui manquaient, ces passe-temps seyaient peu à son image et à sa nouvelle fonction...quoique...au moins pour les "filles de la galante profession" il pouvait encore s'arranger si cela se faisait en toute discrétion. Ses commensaux génois avaient insisté sur la nécessité qu'il apprenne à lire, compter il le savait depuis fort longtemps, voire qu'il se mette à ingérer quelques "humanités" et peut-être un peu d'escrime, ce qui ne lui déplaisait pas vue l'excellente réputation de maîtres comme Marozzo ou Viggiani....et puis quel plaisir de pouvoir faire taire à tout jamais un concurrent d'une imbroccata ou d'une stoccata bien placée. Il en salivait d'avance. Escrime mise à part, il était d'ailleurs peut-être temps de songer à faire construire une ou deux tours de vigie. Le tristement célèbre Barbarossa et ses émules contemporains n'en étaient pas à leur coup d'essai pour ce qui est des descentes à terre et des prises d'esclaves... Lépante avait changé bien des choses mais n'était pas la panacée... "Vabbe', nous verrons bien...pour l'instant jouyssons de la vie" |
Auteur: | Benvenuto Scorvini [ Mars 14th, 2013, 5:52 am ] |
Sujet du message: | Re: Satisfecit |
Sur les hauteurs du bourg de Pietraverde... Mar'e Montagna, que j'aime ce pays de Corse...se disait Benvenuto Du temps avait passé, ses affaires se portaient à merveille, les tartanes et caraques de commerce se relayaient au petit mouillage du bourg, un manège quasi-incessant, navires de Gènes, Rome ou Marseille, parfois même quelques jebegas venant de la région de Valence ou Barcelone...jamais le petit mouillage de Pietraverde n'avait accueilli autant d'étraves et le Signor Scorvini songeait même à employer des gens à draguer le fond afin d'entretenir la profondeur de l'anse, celle-ci peinant à accueillir les coques à fort tirant d'eau. Non é buono per gli affari s'ils ne peuvent accoster directement pour décharger, il va falloir que je remédie à cela. Quant aux terres, elles grouillaient de monde, capitaines-marchands, marins, pêcheurs, gens du bourg, gens de main du domaine, portefaix, mineurs, forestiers, artisans, marchands, receveurs de Gènes, gens de taverne, paysans, vignerons, poètes, putains, mâles et femelles, et musiciens...tout cela s'activait, festoyait, négociait, une activité de ruche déversant ses marchandises où qu'elles soient demandées...l'opulence du lieu attirait d'autres gens des environs jusqu'à des désoeuvrés génois attirés par la réputation du bourg devenu maintenant un important lieu de négoce. Tout cela dans une ambiance joviale à laquelle le signor Scorvini n'était pas étranger... Quelle révolte puis-je craindre s'ils bouffent, boivent et baisent à satiété ? Aucune en vérité ! Evvabene cosi ! Il tirait un certain plaisir à voir ses gens joviaux, presque trop gras des nombreuses fêtes et célébrations qui ponctuaient les mois et rompaient la monotonie du travail. contents de vivre... Seuls absents du tableau étaient les hommes d'armes et les prêtres, en effet assez peu de temps après son arrivée, il s'était adressé aux bandits locaux, gens respectés du lieu et ,eux non plus, n'ayant pas à se plaindre du fait de l'opulence locale, étant parfois des gens du bourg eux-mêmes...il s'était adressé aux bandits locaux afin qu'arrivassent des "accidents malencontreux" aux plus influents et aux plus rabat-joie des prêtres. Maintenant, leur "berger" c'est MOI, sono IO e solamente IO...brutti religiosi di merda... Les autres hommes d'église, ayant eu vent desdits "accidents" se firent encore plus discrets qu'auparavant si cela était encore possible. Il y avait bien un monastère mais un mystérieux incendie en avait chassé les moines. L'affaire s'était négociée proprement et discrètement, affaire à laquelle s'ajoutèrent des négociations pour un statu-quo quant à la paix des lieux. Lesdits banditi ne s'étaient pas montrés trop gourmands et la perspective d'un avenir moins risqué et d'un revenu régulier, échangé contre une "protection" discrète et tacite des gens du bourg et de ses tractations officieuses, principalement le jeu et le commerce charnel, leur convenait tout à fait. Terres...toutes les terres environnantes étaient entretenues et exploitées par l'Homme, tous avaient de quoi gagner leur vie et même plus, de quoi festoyer et profiter de plaisirs parfois canailles. Je ne vois pas ce que je peux faire di piu... Pourtant, malgré cette situation florissante et joviale, Scorvini était inquiet...inquiet pour deux raisons... Observant la face rougie, joviale et fatiguée, la taille grasse, les yeux bouffis de trop de travaux et de plaisirs de ses gens, il se disait... Porca Miseria...à ce rythme-là il vont me crever dans les pattes...non é buono per gli affari ça ! Jetant parfois des regards inquiets face à la mer, balayant les Sud-Est, Sud-Ouest et Sud...il se disait... Porco Dio...la moindre descente de corsari turchi, de pirati maureschi ou de puttanieri spagnoli et c'en est fait ! Certo mes amis banditi se battront mais ils ne sont pas soldats... Devo trovare una soluzione....Presto ! |
Auteur: | Benvenuto Scorvini [ Mars 15th, 2013, 10:53 pm ] |
Sujet du message: | Re: Satisfecit |
Je l'ai ma solution.... Le voyage sur la Granseola, robuste tartane marchande, s'était passé sans heurts... Pas de corsaires mahométans en quête de butin ou de garde-côtes vénitiens trop curieux. Seuls les hommes de son escorte donnaient signe de nervosité, peu enclins aux choses de la mer et de la navigation. Pour tromper l'ennui et cette inquiétude, ils avaient passé leur temps à briquer leurs arquebuses, rapières et pistolets, ou tout simplement à jouer aux dés. Benvenuto Scorvini était heureux, un petit voyage changeait les idées et il affectionnait particulièrement l'air marin, loin des tracas et des responsabilités de son domaine. Il avait même emporté des lignes de pêche, un salutaire et calme retour à ses passe-temps de jeunesse. Cela faisait du bien aussi d'être habillé simplement, de n'avoir pas à s'affubler des oripeaux de l'homme influent...oui..revenir aux sources... Aussitôt accostée la Granseola dans ce petit port de Dalmatie, il en fit débarquer la cargaison de vins, aulx et salaisons provenant de ce qui était maintenant "chez lui", Pietraverde. Même s'il venait pour des tractations toutes autres, il ne fallait pas perdre une occasion de faire voyage profitable... Après avoir donné quartier libre à ses séides, il se dirigea d'un pas tranquille vers la taverne du village, lesté d'une rapière, d'une dague, d'un pistolet et surtout d'une large bourse de deniers...cet attirail en grande partie dissimulé par une cape très appréciable en cette saison de fin d'hiver. Entrant dans la taverne, il salua l'assistance, la plupart composée de pêcheurs au visage buriné et de bougres désoeuvrés, nonchalants dont une bonne partie avait l'air des repris de justice en quête d'un forfait. Ils le dévisagèrent sans aménité...alors son visage s'éclaira d'un large sourire...il se sentait dans son élement. Attablé, servi, il sirotait son vin piquant accompagné d'un fruste saucisson et repensa aux difficultés qu'il avait eues pour rencontrer l'homme qu'il attendait. Il avait fallu du temps et de l'argent pour d'abord trouver les bons informateurs, et ensuite pour obtenir ce rendez-vous via ses gens de confiance. On avait pourtant parlé de lui dans toute la Mediterranée... D'après les rumeurs, c'était un aventurier, un frondeur croate qui, sous couvert d'une florissante entreprise d'armements nautiques, n'avait pas hésité à s'allier aux Turcs afin de défier les autorités de Venise et du Saint-Empire. On le disait influent, très riche, peu scrupuleux et de plus soutenu par toute une irréductible population très avide de se venger de récents revers militaires... Exactement l'homme dont Scorvini avait besoin ! Il contempla la porte d'entrée et attendit.... |
Auteur: | Tremâhïn Abdel Qrôh [ Mars 16th, 2013, 11:53 pm ] |
Sujet du message: | Re: Satisfecit |
Une tablée de pêcheur se leva derrière Benvenuto. Les slaves se dirigèrent vers la porte, mais quatre d'entre eux s’arrêtèrent à côté de lui. Ils le toisèrent un moment. L'un d'entre eux renifla avec dédain. << T'as pas le type vénitien toi, remarqua l'homme dans un italien approximatif. - Ouaip, c'est sans doute le gars qui pose des questions sur Tremahïn Abdel Qrôh, ajouta un autre. - Si c'est lui il doit désormais être au courant que personne ne s'appelle comme ça par ici, déclara un troisième dans une langue nettement plus soignée. Ce dernier, l'air aussi buriné que les autres, s'assit néanmoins devant Benvenuto avec la prestance de la noblesse. Il posa une tasse de café au milieu de la table et sourit. - Vous devriez plutôt boire ça, c'est bien meilleur que le vin détestable qui pousse par ici. Vous pouvez me croire, je connais le vin d'ici depuis assez longtemps pour connaître les séquelles qu'il peut laisser. |
Auteur: | Benvenuto Scorvini [ Mars 17th, 2013, 1:33 am ] |
Sujet du message: | Re: Satisfecit |
Ainsi c'est donc vous...on peut dire qu'il est fort ardu de vous approcher...tant mieux ! Seule paye la discrétion... Scorvini se leva, se découvrit, sourit et designant la table... Daignez partager ma modeste collation Signore. Quant au vin...disons que j'ai connu pire. A ce propos je pense que les gens de cette bourgade auront sous peu l'occasion de goûter aux bons vins de ma proprietà, comme en témoigneront les gens de quai. Mais assez parlé de petits négoces... Tirant brusquement révérence... Benvenuto Scorvini, humble négociant et modeste administrateur de terres pour la Reppublica di Genova...mais je viens ici en mon nom propre. Asseyez-vous je vous prie, j'ai une affaire à vous proposer, du genre de celles fort lucratives et qui se doivent d'être discrètes...petit sourire Sitôt les deux hommes assis...Scorvini se pencha et sur le ton de la confidence... Voilà. J'ai besoin de quelque chose que vous pouvez me fournir, du moins c'est ce que votre réputation laisse à croire. Quant à moi, je pense pouvoir vous fournir ce dont vous avez besoin...laissez-moi vous conter l'affaire... Je suis inquiet, très inquiet...mes gens s'usent trop à la tâche et aux plaisirs de table ainsi qu'aux autres... plaisirs terrestres...petit silence. A ce rythme-là je doute qu'ils vécussent bien longtemps. Cela nuirait à la profitabilité de mon domaine...et, par là-même, à mes affaires... Vous savez, je n'aime pas user de la force pour me faire respecter, il serait donc malvenu que je fasse trop usage de punitions en mes terres. Du moins envers MES gens. C'est là où vous pourriez m'obliger. On vous dit en bons termes avec les Turcs et les Maures...et j'aurais besoin de l'intercession d'un bon diplomate, comprenez-vous ? Je ne peux m'adresser directement à un sultan ou un dey...pour obtenir ce dont j'ai besoin...en effet j'ai besoin...de travailleurs...qui pourraient épauler mon bon peuple dans ses tâches quotidiennes... Tout bas et sur un ton beaucoup moins recherché Voyez-vous de quels travailleurs je veux parler ? Du genre de ceux qu'on capture, qu'on entrave et dont on dispose ensuite tout à son gré... Puis reprend normalement. Oui, voyez-vous, il en irait de ma réputation auprès de mes pairs chrétiens si je me mettais à commercer avec des mahométans, surtout pour la marchandise concernée. Pour ce qui est des détails, ici la liste de ce qu'il me faut Il tend à Qröh un papier sorti de sa ceinture, rédigé en génois ainsi qu'en latin...au cas où..., surtout des gens dociles, travailleurs et en bonne santé, si possible des chypriotes ou des levantins, pourvu qu'il ne parlassent pas trop nos langues d'Europe. Surtout pas de gens d'Espagne, d'Italie ou de France ! D'une part ils me porteraient préjudice avec leurs religions et d'autre part il se pourraient plaindre à quelque prêtre pudibond ou à quelque autorité, ce qui me porterait grand dommage et mettrait fin à nos affaires... Sinon, je n'ai cure du reste. Aussi veuillez porter une attention particulière à la liste suivante, qui je pense vaudra son prix...les adolescents nubiles sont denrée précieuse, cela je le sais, mais il me faut de quoi alimenter mon lit ou tenir service dans mes bordels. Choisissez, je vous prie, ces garçons et filles de l'apparence la plus aimable possible, je vous en saurai gré. Passons à vostre rôle de diplomate et négociant. Pour la juste rétribution de vos services, sachez que je me montrerai équitable et généreux, ce d'autant plus que vous ferez montre de discrétion. Je ne veux point alerter ces idiots de gens du Pape, ou leurs commensaux italiens, au sujet de mes légitimes commerces. J'ai oui dire que vous et vos insurgés aviez subis quelques revers militaires...de politique je ne fais aucun cas, je suis un homme d'affaires tout simplement. Mais j'ai commencé de faire venir en mes terres quelques bons artisans-armuriers, ce n'est qu'un début, la qualité de leurs outils s'améliorera avec le temps et la pratique... Je vous laisse libre-choix pour la rétribution de vos services...que préfereriez-vous ? Des vivres ? Des matériaux ? Des armes ? Ou tout simplement de bons deniers ? Reprenant enfin son souffle Alors. Qu'en dites-vous ? |
Auteur: | Tremâhïn Abdel Qrôh [ Juin 7th, 2013, 5:46 pm ] |
Sujet du message: | Re: Satisfecit |
Des mois avaient passé depuis le premier accord secret entre les croates libres et le patricien génois. Des mois pendant lesquels barbaresques et marchands s'étaient croisés sans heurts non loin des terres du domaine Scorvini. Puis un jour, l'impensable agression des français, semble-t-il dénués du moindre casus belli, avait eu lieu. Sitôt leur allié mis en péril, contrat fut signé pour que l'honnête armateur croate fournisse ses navires et ses gens à un effort de guerre des plus justes. Zdravko Vladic, aux français, a écrit: Salutations.
Conformément au contrat qui nous lie aux patriciens génois, Nous nous voyons dans l'obligation de répondre à votre agression contre eux aussi longtemps qu'ils nous paieront. Tremahïn Abdel Qrôh PS: à titre informatif, nous restons ouvert à toute négociation portant sur notre présente allégeance et son prix. |
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