Sur les hauteurs du bourg de Pietraverde... Mar'e Montagna, que j'aime ce pays de Corse...se disait Benvenuto
Du temps avait passé, ses affaires se portaient à merveille, les tartanes et caraques de commerce se relayaient au petit mouillage du bourg, un manège quasi-incessant, navires de Gènes, Rome ou Marseille, parfois même quelques jebegas venant de la région de Valence ou Barcelone...jamais le petit mouillage de Pietraverde n'avait accueilli autant d'étraves et le Signor Scorvini songeait même à employer des gens à draguer le fond afin d'entretenir la profondeur de l'anse, celle-ci peinant à accueillir les coques à fort tirant d'eau. Non é buono per gli affari s'ils ne peuvent accoster directement pour décharger, il va falloir que je remédie à cela.
Quant aux terres, elles grouillaient de monde, capitaines-marchands, marins, pêcheurs, gens du bourg, gens de main du domaine, portefaix, mineurs, forestiers, artisans, marchands, receveurs de Gènes, gens de taverne, paysans, vignerons, poètes, putains, mâles et femelles, et musiciens...tout cela s'activait, festoyait, négociait, une activité de ruche déversant ses marchandises où qu'elles soient demandées...l'opulence du lieu attirait d'autres gens des environs jusqu'à des désoeuvrés génois attirés par la réputation du bourg devenu maintenant un important lieu de négoce. Tout cela dans une ambiance joviale à laquelle le signor Scorvini n'était pas étranger... Quelle révolte puis-je craindre s'ils bouffent, boivent et baisent à satiété ? Aucune en vérité ! Evvabene cosi ! Il tirait un certain plaisir à voir ses gens joviaux, presque trop gras des nombreuses fêtes et célébrations qui ponctuaient les mois et rompaient la monotonie du travail. contents de vivre...
Seuls absents du tableau étaient les hommes d'armes et les prêtres, en effet assez peu de temps après son arrivée, il s'était adressé aux bandits locaux, gens respectés du lieu et ,eux non plus, n'ayant pas à se plaindre du fait de l'opulence locale, étant parfois des gens du bourg eux-mêmes...il s'était adressé aux bandits locaux afin qu'arrivassent des "accidents malencontreux" aux plus influents et aux plus rabat-joie des prêtres. Maintenant, leur "berger" c'est MOI, sono IO e solamente IO...brutti religiosi di merda...
Les autres hommes d'église, ayant eu vent desdits "accidents" se firent encore plus discrets qu'auparavant si cela était encore possible. Il y avait bien un monastère mais un mystérieux incendie en avait chassé les moines. L'affaire s'était négociée proprement et discrètement, affaire à laquelle s'ajoutèrent des négociations pour un statu-quo quant à la paix des lieux.
Lesdits banditi ne s'étaient pas montrés trop gourmands et la perspective d'un avenir moins risqué et d'un revenu régulier, échangé contre une "protection" discrète et tacite des gens du bourg et de ses tractations officieuses, principalement le jeu et le commerce charnel, leur convenait tout à fait.
Terres...toutes les terres environnantes étaient entretenues et exploitées par l'Homme, tous avaient de quoi gagner leur vie et même plus, de quoi festoyer et profiter de plaisirs parfois canailles. Je ne vois pas ce que je peux faire di piu...
Pourtant, malgré cette situation florissante et joviale, Scorvini était inquiet...inquiet pour deux raisons... Observant la face rougie, joviale et fatiguée, la taille grasse, les yeux bouffis de trop de travaux et de plaisirs de ses gens, il se disait... Porca Miseria...à ce rythme-là il vont me crever dans les pattes...non é buono per gli affari ça !
Jetant parfois des regards inquiets face à la mer, balayant les Sud-Est, Sud-Ouest et Sud...il se disait... Porco Dio...la moindre descente de corsari turchi, de pirati maureschi ou de puttanieri spagnoli et c'en est fait ! Certo mes amis banditi se battront mais ils ne sont pas soldats...
Devo trovare una soluzione....Presto !
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