Venanzio avait reçu, chemin faisant, un message de ses hommes qui confirmait, qu'en lien avec ceux de Fiorenza Della Rovere, ils avaient commencé, à l'autre bout de la ville, en une zone qui n'était pas encore livrée au combat, à rassembler des jeunes gens, des femmes, des enfants et des vieillards, pour un premier convoie. A la tombée de la nuit, le convoie se mettrait en marche pour le domaine de Signora Della Rovere.
Pour les rejoindre, Arimondo et ses cavaliers devaient néanmoins traverser les zones où la bataille faisait rage. Jusque là, ils avaient su habillement éviter les combats par leurs talents de cavaliers et leur habilité à se mouvoir en pleine bataille.
- Il faut que nous passions au galop, Mon Seigneur, si nous voulons avoir une chance de ne pas nous enliser dans ce bourbier, fit l'un des six cavaliers qui l'escortait.
Venanzio ne répondit rien, absorbé qu'il était par une scène dont l'horreur lui sembla d'emblée insoutenable. Il tira sur la bride, mit ses pieds en avant, stoppant net le pas nonchalant de son Napoletano. Un soldat Gênois venait d'empoigner un enfant et s'apprêtait à lui trancher la gorge.
- Plus tard, messieurs, lança le vénitien tout en mettant pied à terrer et en courant en direction du soldat.
- HALTE LA, MANANT !!! Hurla-t-il.
Au nom de Venise, et de nos bons accords, je vous ordonne de stopper, Monsieur !Intrigué par cette injonction peu orthodoxe, le soldat se retourna. Déconcerté par ce gentilhomme aux allures précieuses, arborant le lion de St Marc à sa cape et accourant épée tendue.
- Mon Seigneur, je fais mon devoir... dit-il hésitant. Le soldat du Duc n'avait certes pas envie qu'une embrouille diplomatique ne lui soit imputée et tout en serrant l'enfant, il abaissa son épée.
- Fort bien, fort bien, fit Venanzio,
maintenant, relâchez cet enfant... qui est sous la protection de Venise.
Ces six cavaliers mirent pied à terre et se rapprochèrent maudissant leur maître de s'être ainsi mis dans une telle histoire... Une de plus, semblait vouloir dire leurs expressions.
Le soldat Gênois relacha Valerio qui courut se réfugier derrière un amoncellement de literies disposé en barricade... mais les hommes du Vénitiens le saisirent et lui mirent la main sur la bouche pour qu'il ne puisse pas crier.
Le Venitien s'approcha alors du Gênois dépité.
- Merci mon brave... Merci beaucoup...L'homme dévisageait Venanzio. On pouvait lire sur son visage, à la fois de la méfiance, du respect et de la crainte. Puis, soudain, une terrible crispation transforma toute sa face. L'homme baissa alors la têtes sur son coeur et vit l'épée du vénitien, plantée là. Il sentit ses forces lui échapper et s'effondra dans un bruit de métal.
Venanzio sourit en retirant et en nettoyant son épée.
- Je t'aurais bien épargné, pauvre diable, mais tu n'aurais su tenir ta langue et tu aurais mis Venise dans l'embarras... Aussi, tu sauras que lorsque l'on a Venanzio Arimondo pour ennemi, on ne doit jamais ni avoir confiance, ni hésiter. Je reconnais néanmoins que ce savoir ne te sera plus d'aucune utilité, désormais...- Mon Seigneur, hurla l'un des cavaliers,
que fait-on de l'enfant ?- On lui offre un avenir meilleur, mon amy... On lui offre un avenir meilleur...Venanzio empoigna Valerio pour le hisser sur son cheval.
- Mes amys, je vous prédis un brillant avenir de gouvernantes, quand nous aurons cessé de guerroyer, lança-t-il en souriant à ses compagnons consternés. Puis il se mirent au galop pour rejoindre le domaine de Signora Della Rovere.
Derrière eux, les combats semblaient reprendre en intensité et même s'étendre.
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