- Que l'on ne me dérangeât point.
- Bien Monsieur...
- A moins qu'une ribaude ne tienne absolument à succomber à mes charmes...
- Bien Monsieur...
Le Vénitien venait de donner ses ordres et il entendait bien les faire respecter. A peine le Maitre d'hôtel avait-il pris congé qu'il se dirigea vers la porte afin de la boucler à double-tour...
- Foutre de Foutre ! se plaint-il quand il s'aperçut que l'air marin avait grippé la serrure. Ceste alberge n'estoie vraiment plus ce que fut lorsque de nostre prime jeunesse y pratiquions avec accortes donzelles moult joutes sensuelles...
Il se dressa et observa avec attention tous les détails de la chambre.
- Cette chaise fera l'affaire.
Il l'empoigna puis cala son dossier sous la poignée de la porte.
- Voilà... Je vais enfin pouvoir me livrer aux plaisirs coupables, fit-il en souriant.
Il ouvrit grand la fenêtre qui donnait sur la mer bleue azur de la baie d'Insula. Une lumière blanche et crue inonda la chambre. Puis il posa délicatement une sorte de large malle sur le lit. Il en ôta la toile protectrice et l'ouvrit avec précautions.
Un émerveillement enfantin transformait désormais son visage. Il ouvrait pour la premier fois cet instrument que ses hommes avaient eu ordre de voler sur une navire Vénitien, une semaine auparavant.
- Que n'ai-je pas du faire, pour t'avoir, sublime chose ! Tu as intérêt à être à la hauteur parce que je suis allé jusqu'à trahir ma sérénissime pour toi ! Tu es mon secret ! Mon magnifique secret...
Oui, cet objet magnifique, fruit d'une longue quête, était désormais enfin en sa possession. Venanzio Arimondo était un homme heureux.
